03 juillet 2006

Spectacle Gladiateur à Martigny: du jeu et... des pains!

Tortilla Flat n'était pas qu'un lieu de fêtes et de plaisirs. Quand les circonstances le justifiaient, Dany, Pilon et leurs amis savaient mobiliser leurs ressources (qui n'étaient pas négligeables) pour aider la veuve et l'orphelin. Cet esprit se doit d'être perpétué ici, et c'est donc d'un ton indigné que j'adresse cette lettre aux organisateurs du spectacle Gladiateur à Martigny, suite à ces faits relatés dans Le Matin, où une le bras d'une victime innocente (de 13 ans...) fut fendu et le reste de son anatomie frappé sur l'autel du show biz et des hormones de gladiateurs d'opérette, réunis sous l'égide des Cascadeurs Associés.

Epître aux organisateurs du Spectacle Gladiateur à Martigny

Cher frères Carrons,

Votre amour de la jeunesse et le soin que vous apportez à sa distraction est tout à fait émouvant et digne de l'admiration des foules. Je regrette bien n'avoir pas vécu mon enfance à l'apogée de votre règne et d'avoir ainsi pu bénéficier de vos talents si divers et variés. A vous entendre, les enfants n'en peuvent plus de joie à la vision de vos oeuvres. Tous les enfants? Non, car il en est un qui résiste encore et toujours à vos charmes. Ne lui manquait-il que la potion magique pour être un irréductible fier-à-bras? Dur à dire, celui-ci étant recouvert de plâtre, après avoir du essuyer ceux de l'honneur perdu de la belle de votre gladiateur vedette, celui-là même que tous acclament...

Car votre gladiateur, souffrant peut-être de sa vile condition (n'étaient-ils pas choisis au sein de la lie de la société romaine?) prit le parti de gagner ses galons de chevalier et s'en fut, armé de sa colère amoureuse et de ses muscles saillants, triompher sans gloire d'un modeste bambin, le souffletant par devant des badauds ébahis, lui tordant le bras, avant de s'en aller finir sa courageuse entreprise loin des regards réprobateurs. Du sable de l'arène à celui des bacs, il n'y a qu'un pas! Vous, n'écoutant que votre courage, mais aussi, sans doute, une saine prudence, vous prîtes le parti du plus musclé, reproduisant ce comportement grégaire où l'on voit si souvent le fort s'allier contre le faible, stigmatisant vertueusement le comportement inacceptable d'une classe turbulente et vulgaire envers ces acteurs, purs et doux artistes.

Oh bien sûr, les versions des uns et des autres divergent, et vos cascadeurs, du fait peut-être du professionnalisme tant vanté par vos affiches et d'une longue pratique de la mise en scène, ont une vision qui diffère de celle des plébéiens ayant assisté au carnage. J'attends donc maintenant les réactions d'autres amoureux du spectacle, suivant l'exemple de votre clique et celui de Cantona, tiens pourquoi pas les arbitres et joueurs évoluant au Forum voisin, qui, dès les matches terminés, vont se ruer dans le public, si possible sa frange la moins musclée (pros, mais pas con), afin d'évacuer leurs frustrations et laver quelque affront, réel ou imaginaire. Mais bon, je rêve, ce ne sont que de vulgaires amateurs, non des professionnels aguerris dont nous avons tant à apprendre (tremblez suppôts des bacs à sable, je vais me professionnaliser moi aussi!)

Pour en revenir à vous, chers frères Carrons, c'est autre chose. Vous accusez carrément ce sale galapiat d'être allé se casser le bras aux auto-tamponneuses. Et pour dissimuler ce fait si grave (il a sans doute échoué au permis), il aurait alterqué avec votre si mignon gladiateur, acte bien plus crédible s'il en est. Les gamins de nos jours! Un problème, oh pas bien grave pour des professionnels confirmés comme vous l'êtes, il n'y a pas d'auto-tamponneuses au village romain (surprenant non?), ni, d'ailleurs, dans tout Martigny (pas la peine de vérifier à la police municipale, je l'ai fait pour vous). Il ne vous reste donc plus qu'à passer partenariat avec le Mystery Park d'Interlaken, les extra-terrestres restant toujours une valeur sûre attirant son lot de spectateurs...

Et bien sûr, comme dans un bon mystère, le gamin disparaît à la fin, on en perd la trace (un exploit, et pas des moindres, quand on sait qu'il faisait partie d'un groupe de 9 classe, soit plus de 180 personnes...). Là cependant, votre terreur des arènes (et autre lieux...) aurait pu vous aider, lui qui a bien su voir ses nouveaux amis dans le public, qui reproduisaient l'auguste geste réservé au public de jadis avec un sens historique qui les honore, pouce en bas, pour exprimer ce succès populaire que vous aimez tant mettre en avant. Moins historique (mais plus hystérique), votre vedette, tous neurones bandés, multipliait à leur égard les gestes obscènes et la provocation gratuite (qui se paye tout de même CHF 14.- par gamins, l'un ayant gardé la fracture). Si, comme vous dites, vous désirez le retrouver pour le faire ployer sous le poids de votre générosité (comme vous sous le poids de vos responsabilités?), mes chers et professionnels amis, comme vous n'avez pas profité du temps passé avec lui entre l'arrivée de la police et son départ pour l'hôpital, il n'est peut-être pas trop tard... pour lui faire des excuses par exemple! Peut-être vous lira-t-il, quand il se sera remis des chocs que vous lui avez si professionnellement infligés...

Ave Carrons, morituri te salutant!

P.S. Une version abrégée de cet article est parue en tribune libre du Nouvelliste, sous le titre Glorieux Gladiateur!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle plume magnifique, j'en tombe sur mon séant...

Pilon a dit…

Notre ami Constantin 1er, empereur bâtisseur de Martigny, bassement accusé d'avoir fait trébucher un arbitre et atteint les parties intimes de son assistant. N'aurait-on pas pu dire plutôt un homme renversant mais parfois casse couille?

Pilon a dit…

Dans le Nouvelliste du jour, nos amis Carrons n'évoquent plus les autos tamponneuses... Non, non, ce brave gamin a été un peu tiré par le bras, il s'est excusé et l'affaire est close. La fracture elle, demeure ouverte...

Anonyme a dit…

Un acte débile pour un spectacle débile joué par des débiles!