27 juillet 2006

L'ours, mode d'emploi fédéral

L'ours est de retour, et pas par minous. Je vous parle de vrais, de grands, de beaux et sauvages ours, descendus de la galaxie homonyme. Un homme les a vu. Il ne s'appelle pas David Vincent. C'est un berger du val Mustair, dans les Grisons. Mais rassurez-vous, l'état providence et ses bataillons de fonctionnaires zélés et compétents (non, j'ai pas dit cons pédants!!) nous protègent. Après tout, l'ours est le symbole et le gardien de notre capitale. Après une mission d'observation minutieuse et dûment protocolée à la fosse voisine, ils ont transféré la pointe de leurs stylos des grilles de Sudoku du Blick sur le papier quadrillé règlementaire fourni par la chancellerie pour rédiger LE plan ours qui nous sauvera tous. Ce sont des spécialistes. Il y en a même qui se prénomment Urs (les autres sont Beat), c'est vous dire. Suivez le guide...

Considérant le problème d'un oeil vague et professionnel, ils se sont réunis en commissions sitôt divisée en sous-commissions qui elles mêmes se sont constituées en groupes de travail (le travail est dangereux, mieux vaut l'affronter groupé, en se donnant de grandes claques dans le dos autour après avoir formé un cercle défensif autour de la machine à café). Après avoir parqué leurs sandalettes dans les casiers prévus à cet effet et enfilé leurs chaussons de cabane, ils ont entrepris de classer le danger, en machouillant l'extrêmité d'un crayon. Les cogitations confédérales ont produit trois catégories d'ours:

  1. Le farouche: vous le voyez rarement; en bon disciple d'Epicure, il applique la maxime "pour vivre heureux, vivez cachés". C'est un grand timide.


  2. Le problématique: un timide qui se soigne, son toubib lui a prescrit ce qui se trouve dans votre garde-manger. Sociable, il désire s'inscrire au club de jass du coin pour se faire des amis.

  3. Le à risque: plus entreprenant que le deuxième, celui-ci ne s'en prend pas à votre garde-manger, il fait plutôt de vous le sien.


Pratiquement ça donne ceci: vous musardez dans la forêt. Vous entendez un grognement qui vient des entrailles. Ciel, un ours. Que faire?

Etape 1: Déterminez son caractère:

S'il rougit violemment, bafouille comme Obélix devant Falbala, c'est un timide, catégorie 1.

Si, au contraire, il vous fixe d'un air enjôleur, l'oeil pétillant et commence à roucouler au point que votre conjoint en devient jaloux, attention, c'est un problématique, catégorie 2.

S'il vous regarde comme un gladiateur évadé des arènes de Martigny, vous êtes dans l'abîme, c'est un teigneux, un pur catégorie 3, dûment classé à risque, ceux qui mangent sans préservatif.

Les oubliés...

S'il a l'oeil vide et hagard et ronfle sur le canapé en grognant, il s'agit de votre mari. Vos envies à son égard ont plus à voir avec le code pénal qu'avec le plan ours. Courage.

S'il est monté sur un quadrige, vous avez le gros lot. Il s'agit en effet d'un Ben Ours, portant la mention vu à la télé. Inclassable.

Etape 2: En fonction de vos déterminations selon l'étape 1, agissez de façon appropriée et réglementaire, conformément au plan oursec. Dans tous les cas, commencez par lui lire ses droits, s'il vient d'arriver, il n'est sûrement pas encore au courant.

L'ours à risque est, paradoxalement, le moins problématique, puisque vous pouvez l'abattre sur le champs (et même ailleurs si entente). Il va probablement râler. Ne vous en faites pas, s'il est trop con pour rester peinard en catégorie 1 ou 2, tant pis pour lui. Et quand le con fait des râles, c'est pour vous berner, méfiez-vous.

Pour les autres, c'est plus complexe. En effet, on ne touche pas au timide, Kopf Verdamnt, c'est strikt verboten. Et si vous lui avez fait peur, vous serez voués aux gémonies fédérale. S'il a mangé Médor, sachez que c'est son droit le plus légitime. Mais, bon prince, le gouvernement vous payera sa ration au prix du kilo. Car, Berne, c'est là qu'on fait des rations, c'est bien connu.

Si vous avez à faire à un problématique, vous pouvez entreprendre des actions d'effarouchement, afin de le convaincre de retourner à la catégorie farouche, celles où voudra se classer tout ours qui voit plus loin que le bout de sa truffe. A moins qu'il ne soit fanatique de gadget électroniques et convoite l'émetteur offert gracieusement à tous les problématiques par nos amis bernois.

Etape 3: quelle que soit la catégorie de votre rencontre d'un jour, ramassez vos membres épars, et s'il s'agit de vos jambes, mettez-les à votre cou pour vous barrer de là vite fait. Si vous êtes encore vivant et qu'il s'agissait d'un our à risque, vous ne risquez rien. Par contre, s'il s'agissait d'un farouche ou d'un problématique auquel vous avez fortement déplu, allez immédiatement vous dénoncer au poste de police le plus proche où, après vous avoir tiré l'oreille que vous aurez réussi à sauver (si applicable), on vous remettra le formulaire officiel d'excuse destiné au pauvre animal que vous aurez si indûment perturbé. Ses frais médicaux et psychiatriques seront pour votre pomme, vilain bougre, et qu'on ne vous y reprenne plus! Non mais sans blague!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Attention, un ours peut en cacher un autre!

En effet, lorsque, flânant dans la forêt urbaine de Neuchâtel, on en croise un gros qui s'attaque à vos bretelles "Mickey", le petit timoré Colargol se métamorphose en gladiateur, bien plus redoutable encore que l'ourson de pacotille qui le provoqua tantôt. Son courroux alors devient l'instrument de la vengeance des opprimés pour qui il officie en temps normaux.

Qu'on se le dise, du fond de nos grottes !

Pilon a dit…

Ah, mon petit pirate, mon petit ami en sucre, tu n'avais pas encore tes chiens, de ce temps là... Il faudra que je fasse quelque chose pour toi, un jour!