12 avril 2006

On ne badine pas avec l'amour...

...non, non, ne badinons pas, dirait un certain humoriste... Mais ce dernier étant à Musset ce que le canard WC est à la faune de nos étang, ce n'est pas chez lui que Pascal Gilibert et Jérôme Melly (qui, on le voit, n'exerce pas ses talents littéraires qu'à Tortilla Flat, ce qui serait dommage!) sont allés chercher l'inspiration nécessaire à l'adaptation de cette pièce d'Alfred de Musset. Elle sera interprétée par les élèves de l'Ecole Supérieure de Commerce de Sierre, les 11 et 12 mai 2005 (éventuellement le 13 si vous répondez présent en masse!) à la Sacoche. Si vous voulez réserver dès maintenant, un clic ici c'est si facile!

Exercice d'équilibriste qui m'est proposé ici, puisque je vous parle d'une pièce que je n'ai pas vu et que je ne connais ni Dave ni Adam. Mais comme c'est le cas d'à peu près tout critique qui se respecte, me voilà un peu rasséréné. Et puis bon, on est sur un blogue, on peut se permettre de parler de tout et de rien, du temps qui passe à la pluie qui tombe, du chat qui n'a pas mangé sa pâtée aux horaires de train qui ne s'arrêtent plus mais que font-ils là bas dans les bureaux fédéraux qui nous en veulent personnellement.

Alors raisonnons contemporains. En bon ignare, on sait quand même que Musset, c'est du solide, du bon, du classique qui est enseigné à l'école, et supérieure encore. Ecole de commerce qui plus est, donc ça doit être une bonne marque, qui se vend bien. Qui a du market potential, puisque, dans le buzinêêêsse, il est de bon ton de parler anglais, Il paraît donc assez peu risqué d'en dire du bien, puisque tout les milieux autorisés qui s'autorisent à penser vont appuyer votre opinion, et vous passerez automatiquement pour quelqu'un d'intelligent et de lettré (déjà 14 lettres rien que dans mon nom prénom, à peine croyable non? Et encore, si mes parents m'avaient donné un deuxième prénom, dont on peut mettre la première lettre entre le prénom et le nom sur les formulaires officiels parce que ça donne une touche très classe... Académicien, je serai!).

Ensuite, il y a ce titre, très parlant: "On ne badine pas avec l'amour". Un sujet universel s'il en est, et dont la sagesse saute à nos yeux usés de célibataire attardé (justement parce que l'amour est un sujet avec lequel on ne badine pas, bon sang!). Nous voilà donc sensibilisés au thème central, notre intérêt en éveil et nos antennes dressées. Car ce n'est pas tout! Mais oui, avec un titre pareil, qui apostrophe le lecteur, et bien on se doute vite que justement quelqu'un a dû badiner avec l'amour, un polisson de première, cela va sans dire. Mais heureusement, ça n'a pas échappé à l'oeil scrutateur de M. de Musset, une pointure s'il en est. Et nous voilà ferrés. Car, un badinage raconté par M. de Musset, c'est autre chose que ceux qui sont relatés quotidiennement dans une certaine presse que je me refuse de citer! Un tel badinage, et la morale qui ne manquera pas d'en être tirée ne pourra qu'être profitable à l'édification de nos âmes volages, ou à conforter celles qui se conforment en tout temps à ce respectueux précepte. De plus, c'est un thème inoxydable et indémodable, et donc propice à être enseigné aux futurs acteurs du commerce global, car ce genre de produit est un modèle de rentabilité! Pensez donc, élaboré au siècle passé, il se conserve sans une ride et sans coûts de production supplémentaire et est encore vendeur de nos jours. On ne saurait ici trop saluer la sagacité du corps professoral de cette divine école!

Et puis, bien sûr, si toutes ces bonnes raisons ne suffisaient pas, il y a les noms des metteurs en scène, que nous connaissons tous (et si ça n'est pas le cas, faites-moi confiance), et dont l'un nous fait profiter régulièrement de sa verve et de son éloquence intarisable (pour des exemples, cliquez ça et par ce que ça est bon...). Quant à l'autre, tiens, l'invitation est lancée, ça me fera du repos. Je vais devenir l'inventeur du blogue qui s'écrit tout seul, c'est digne de Pilon tiens! Donc, mon ami Pascal, ce terrain est le tiens si tu désires nous faire profiter de ta vis comica (gardons l'angliche pour le buzinêêêsse et le latin pour la culture...). Ces joyeux compères ont le verbe haut et la plume agile, et je me réjouis déjà des les voir porter le verbe d'Alfred sur la scène culturelle sierroise en utilisant l'enthousiasme juvénile d'une relève estudiantine qu'ils forgent au quotidien à la flamme de la littérature et des sciences mathématiques. (et si vous ne voyez pas le lien entre les deux, c'est que vous n'avez pas lu "Le théorème du perroquet de Denis Guedj, ignares va!). Tiens, c'est vite vu, si ces deux là mettaient en scène, je sais pas moi, l'intégrale du code civil birman en version originale, et bien j'irai!

Si mes élucubrations divagatoires, issues d'une éducation qui doit essentiellement à la lecture d'Astérix et Obélix (en tout cas pour le latin), je vous invite à consulter un petit résumé de la pièce rédigé par plus informé que moi (je place pas la barre trop haut), histoire que vous n'ayez pas tout à fait perdu votre temps jusqu'ici, si vous y êtes arrivés... Moi même, je m'en vais d'ailleurs le consulter de ce pas, m'étant interdit de le faire avant, préférant me vautrer dans une ignorance qui n'appartient qu'à moi plutôt que m'approprier l'intelligence d'autrui. Non que j'en concevrai du remord, n'allez pas croire que j'ai cet altruisme! Mes raisons sont bien plus viles: c'est qu'ensuite il faudrait confirmer, on vous demanderait votre opinion sur tout, Bush, la famine, le pétrole en extrême orient, la date de la cueillette des spaghettis en Sicile et que sais-je encore! Au lieu de ça, je préfère me vautrer dans une réconfortante et reposante ignorance crasse, reproductible à volonté, telle une prose bourgeoise gentilhommesque! Tel Big Joe, je m'y trouvais bien, j'y goûtais même...

Mais si vous deviez de tout ceci ne retenir qu'une chose, souvenez-vous, ne badinez jamais, mais alors là jamais, au grand jamais, avec l'amour! Sinon... (pour savoir la suite, allez voir la pièce, les 11 et 12 mai, voire le 13, à la Sacoche! Ah, ah, suspense insoutenable, à l'américaine, comme on dit chez nous, parce que pour le buzinêêêsse y'a pas à chipoter, y sont forts, les amerloques!)

Pour récompenser les plus assidus, un petit extrait offert en prime:


(...)Insensés que nous sommes! nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait, Camille ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu tromper l'autre ? Hélas! cette vie est elle-même un si pénible rêve: pourquoi encore y mêler les nôtres ? O mon Dieu! le bonheur est une perle si rare dans cet océan d'ici-bas! Tu nous l'avais donné, pêcheur céleste, tu l'avais tiré pour nous des profondeurs de l'abîme, cet inestimable joyau; et nous, comme des enfants gâtés que nous sommes, nous en avons fait un jouet. Le vert sentier qui nous amenait l'un vers l'autre avait une pente si douce, il était entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille horizon! Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduits à toi dans un baiser! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes. O insensés! nous nous aimons.(...)

1 commentaire:

Pilon a dit…

Ne badinez pas avec le théâtre, et sortez de votre réserve pour entrer dans celle de vos places. Autrement, même si ça coche, vous pourrez faire une croix dessus et vous ne saurez jamais rien des secrets d'Alfred Talbon-Jourdale.