21 avril 2006

Cocha... bomba!

Cochabamba, ville de l'éternel printemps, ainsi nommée par ses propres habitants. Certes le soleil nous a doré la peau, mais la pluie saisonnière, et rafraîchissante aussi, nous l'a mouillée. C'est au cours d'une de ces soirées pluvieuses que nous allâmes nous réfugier dans un café dont la spécialité est de divertir et d'abreuver ses clients. Ainsi nous joignîmes l'utile à l'agréable.

Nous assistions a un concert de percussions dont le leader est neuchâtelois, un de ceux qui ne supportait plus le brouillard claustrophobisant de son beau lac, lorsqu'on nous proposa de goûter le cocktail national. LE CHUFLAY! Mélange explosif et surprenant qui fait partie de la famille phonétique des FLÓAAATCH! (coucou David), des OUÁÁÁZÁÁÁ´! des VRRRR-PCHHT! C'est dire déjà son pouvoir évocateur alors que tu n'a fais que de le commander!

Cette exclusivité bolivienne rassemble dans un récipient de taille non négligeable, 2 alcools forts et blancs, et, pour ceux qui ne sont pas allergique, une rondelle de citron vert. Bien évidemment ce mélange harmonieux assortissant deux des produits nationaux parmi les plus délicats, a le don de vous enivrer vite et durablement. Sachant a qui je m'adresse en écrivant mes sensations, je sais que certains ne resterons pas insensible a cet argument. MAIS ô grand MAIS! le Chuflay ne se contente pas d'agir uniquement au niveau cérébelleux! Que non! ce puisant désinfectant a une action radicale sur tous les petits habitants de downtown tripaille! En effet, seul le bacillus bolivianus intrepidis et l'enterococcus de Jose Gonzalo Guerrrero résiste aux vapeurs du Chuflay. Ce breuvage national digne de Dédé le marseillais et de Lulu la nantaise te procure donc un accès direct a l'ivresse et t'évite de détruire complètement les W.C...

Ah! ces boliviens, intrépides et résistants, toujours prêt a distraire le voyageur par les moyens parfois si inattendus. Nous avons ici la preuve de leur ingéniosité ainsi que de leur sens du festif! Ce fameux sens du festif que nous avons a nouveau rencontre a La Paz, capitale que je ne saurai décrire tant cela ne ressemble a rien dont je fus témoin jusqu'alors...

A l'heure de l'apéro, suivant notre instinct, nous entrâmes dans un bistrot qui présentait comme unique déco quelques posters d'amazones fort aguichantes et très déshabillées, qui vantent les mérites d'une marque de ciment ou d'une marque de pneu, un de ces bistrot comme il y en a mille dans la capitale. Aussitôt installés, nous commandâmes la bière nationale. La Huari, délicieuse roteuse au houblon si finement distillé que j'en ai la pépie! Amis du houblon je vous salue le chapeau bas! Et je rend hommage a l'inventeur bienfaiteur, de ce divin liquide jaunâtre et mousseux, qu'il soit moine ou pendu!

Alors que nous jouissions de cette fraîcheur houblonnée, firent irruption trois larrons en foire, tous les trois la quarantaine bien sonnée et le sens de l'équilibre bien entamé. L'un d'eux, s'approcha chancelant, et nous distilla toute une série d'excuses a propos d'un macabre double meurtre de ressortissants autrichiens. Il nous postillonnait avec ferveur son regret et son incompréhension face a de tels actes. Et afin de nous prouver sa bonne foi et de faire valoir sa bonne volonté, il nous paya deux Huari, car nous dit-il, la Huari se commande par deux!

C'est ainsi que nous fîmes connaissance des trois compadres. Carlos le musicien, Marcello le vendeur d'artisanat et Alejandro le frais nommé colonel de la police. Le premier et le troisième fêtaient depuis la veille un événement que je ne saurai vous conter faute de mémoire. Par chance, bien que mon espagnol me permette quelques pirouettes, la présence du deuxième, Marcello, en tant que traducteur officieux de la soirée s'avéra indispensable et nous permis d'aborder des sujets aussi vastes que pointus tels que l'anarchique urbanisation de la capitale ou la métallurgie et ses méfaits écologiques dans les provinces périphériques. Des propos qui, aux rythmes des Huari nous emmenèrent au milieu de la nuit. Le moment ou nous décidâmes qu'Alejandro (le colonel) devait rentrer. Ses dernières paroles furent:"bbbrrrffnlll prorrrrHic!", suivies d'un rot chargé d'effluves abyssales dont seul un Chuflay aurait pu éradiquer l'odeur nauséabonde.

Le trio se transforma en duo, mais comme dirait l'autre:"à deux vous irez plus vite!". Titubant mais d'une volonté farouche nous nous enfonçâmes au coeur de la nuit bolivienne. Le rythme de la Cumbia donna le tempo jusqu'au petit matin... Cette Cumbia qui procure a nos sens cet exotisme tout bolivien, qui donne a la Huari cette saveur toute bolivienne et qui font des compadres de sacrés boliviens!!!

15 de abril 2006, Arequipa, Peru.
Tuco.

7 commentaires:

Pilon a dit…

Comme quoi le Tuco ne reste jamais tout con. Avec sa Touquette, ils évitent d'avoir le vin petit et la cuite mesquine. Ce sont les princes qui tutoient les anges, sans pour autant faire verre à part. Vive la Huari et le Chuflay, ces traducteurs universels et catalyseurs des bons sentiments. Sans thé!

Anonyme a dit…

Merci à toi chroniqueur inconnu, tu me rappelles ze bon souvenirs de vacances et ton nom un excellent film! Buona suerte chico!

Anonyme a dit…

C'koi ce site? Un raoût de contemporains?

Pilon a dit…

Ca y est, Torrelli nous à retrouvé!

Anonyme a dit…

La huary malgache s'appelle Three Horses Beer, elle est blonde et douce. Beaucoup de chroniqueurs gastronomiques l'ont nommées parmi les lauréates de la meilleure bière d'afrique. Les Malgaches se foutent complètement de cette critique, eux qui ne se sentent pas du tout africain, mais rendent hommage à ce houblon par une consommation sans modération! Le chuflay pourrait se traduire en malgache par Toka Gasy ! Le rhum artisanal distillé illégalement par des humains soucieux de la bonne humeur de leurs compatriotes. N'a pas les mêmes vertues laxatives, bien que..., mais des fortes accointances pour le mal de tête insupportable du lendemain. L'équilibre est aussi fortement affecté dès le deuxième verre. Impossible de savoir les degrés d'alcool de ce doux breuvage car chacun a sa recette.
Reste pour les plus sages l'eau minérale pour laquelle je n'ai malheureusement aucun fiche descriptive dans mon carnet des bonnes choses malgaches, allez savoir pourquoi ?
soava dia
veloma
jdmada

Anonyme a dit…

Je me souviens effectivement que le "Mangoustan" remplaçait ponctuellementle "Dzama" rouge en milieu de soirée; Par contre, je n'ai pas grand souvenir d'une marque d'eau. Non, vraiment, ça ne me revient pas !

Anonyme a dit…

Et qui voudrait se jeter à l'eau, avec tous les risques que cela comporte sous ces latitudes, alors que tous les chemins mènent au Rhum!