21 décembre 2005

La réponse de Jérôme


Notre ami Jérôme a répondu aux nombreuses personnes qui souhaitaient le voir organiser un tonneau. Son texte est fidèlement et intégralement reproduit ci-après:

Et bien, je constate qu'une nouvelle fois on se ligue contre moi !

Mes avocats seront intransigeants et vous feront pâtir de tant d'insinuations subversives. En effet, depuis mes quelques petits problèmes de voisinage, j'ai décidé d'investir dans la PJC (protection juridique constante) afin que mes détracteurs (car il y en a !) n'aient pas la moindre opportunité de se manifester, ni par la bande, ni directement à la porte de mon appartement.

Je profite au passage pour relever le manque de solidarité, que dis-je, la pusillanimité de certains (soi-disant)amis qui n'ont pas hésité, il y a de cela maintenant 2 ans, à dénigrer sans vergogne le sacro-saint lien qui nous unissait en niant le fait qu'ils sortaient de chez moi et de surcroit, qu'ils me connaissaient. Si c'est cela le tonneau de l'avant !!!

A ce sujet, je me permets de notifier cà et là quelques petits détails.
Je ne crois pas avoir vu passer les papiers officiels de ce pseudo-sondage.
En outre, qui sait qui a voté ? Je ne m'étonnerais pas de constater qu'il y eu manipulation du scrutin dans le but désolant de me rendre coupable de n'avoir pas organiser l'événement susmentionné. Veut-on me faire passer de mauvaises vacances de Noël à ressasser sans cesse ma mauvaise conscience ? Et bien à bon entendeur, je vous le dis, VOUS ne me gâcherez pas MON Noël.

J'ajouterai de plus que deux personnes ont voté pour moi. Comme je ne prends jamais le risque de voter sur quelque chose d'inofficiel, j'aimerais connaître la deuxième personne ayant voté "non" après Natacha (je puis en effet déduire que, pour faire taire les machistes en tout genre qui ne font rien à la maison et pour ne pas rajouter du crédit à cette stupide idée reçue que je ne fais rien effectivement, elle n'a pas jugé utile de voter pour l'otion "non car c'est sa copine qui se taperait tout le boulot" et que par conséquent, elle aura voter pour un sec et sonnant NON de solidarité et d'amour tendre).

Une chose encore -de manière à encourager, non pas la délation mais la rigueur et la justice- je promets une réjouissance pas commune pour celui ou celle qui a voté NON au sondage susmentionné !!

Pour montrer l'exemple et faire resurgir votre fibre festive et éthylique, je serai (contre vents et marées) présents au dernier tonneau de manière à tirer au clair cette affaire.

Non merci et à très tard !

Un représentant des bonnes gens attristé

2 commentaires:

Pilon a dit…

Cher Jérôme, mon vieux complice,

On sent en toi un juste courroux, et tu brandis sur nous ta colère tel un pieu acéré qu'en nos gorges tu enfonces dans l'ardent désir de nous faire ravaler nos propos. Cependant, force m'est de te dire que là n'était point l'objet de nos désirs, nous dont l'unique ambition était de venir nous abriter dans le chaleureux cocon de ton amitié loyale. Car, vois-tu, nous avions la chance d'avoir un ami propriétaire d'une maison. En cette illustre demeure, tu avais su, jusqu'à un passé récent, éviter les écueils que la propriété dresse devant l'esprit du vulgus pecus parvenu au rang de possédant, soumis à l'aiguillon incessant des soucis du propriétaire. Pour nous, elle était le symbole puissant et indestructible de ces liens tortillaflatesques qui unissaient chacun d'entre nous au plus profond de son âme. Tu étais pour nous l'étable de la brebis égarée, l'abri douillet de l'alpiniste dans la tempête, le phare signifiant la fin de nos errances. En ta demeure, nous trouvions toujours de quoi rassasier nos appétits et réchauffer notre esprit au feu de ta conversation joviale.

Aujourd'hui, les amis sont tristes et ils portent le deuil. Ils sont venus et ont trouvé porte close. Aux conversations déliées d'antan a succédé un silence méfiant. Peut-être avons nous été maladroits, peut-être n'avons nous pas su réagir avec l'à-propos que les circonstances exigeaient. Il faut pourtant bien que tu te rendes comptes que pour nous, le monde où tu évolues est d'une complexité inouïe et requiert l'entier de nos maigres ressources spirituelles. Mais qui irait reprocher à la pauvre souris de ne point vider l'océan d'une gorgée?

Tes amis sont tristes, oui, car maintenant, en plus de tes voisins, ils devront encore outrepasser l'armée des avocats que tu sembles vouloir semer autour de toi comme grains de blés dans les champs printaniers. Mais prend garde à la moisson démoniaque à laquelle cette engeance te promet inéluctablement! Rapidement maison où amitié n'entre plus devient donjon. On y voit certes au loin, mais on n'y reçoit rien, sinon le vent de la désolation. Permets-moi de te rappeler la sagesse de notre ami Hobbes, qui rappelle que si tes amis sont contractuels, tu n'as pas d'amis.

Devant nos yeux horrifiés, tu agites encore frénétiquement la pénible scène de notre confrontation avec une austère représentante de ces tigres rugissants qu'on appelle voisins, et tu te sers contre nous du gourdin dont nous avions pourtant déjà dû subir la mortelle caresse, hors même que nous attendions de toi protection et remède contre ce vil fléau. Ta colère t'aveugle et tu transformes nos vertus en torts, usant là de sophisme dont tes lectures semblent t'avoir largement pourvu. Les lumières des philosophes, saches le, aveuglent l'affamé qui les fixe avec trop d'intensité. C'est ainsi que tu perdis de vue que, malgré les embûches et traquenards tendus par tes sycophantes des étages inférieurs, tes amis continuaient de venir à toi en flot constant, imperméables aux miasmes. Plainte a-t-elle jamais franchi la barrière charnue de nos lèvres? T'avons nous jamais fais reproches de fréquenter ainsi les bourgeois agressifs? Non! Oncques tels propos ne sortirent de nos bouches, car nos esprits ne pouvaient pas même les concevoir. Et nous continuions gaîment de t'appeler notre petite caille en chocolat, et de te pincer les joues avec l'affection pour laquelle tu montrant tant de signes d'appréciation. N'étais-ce qu'illusion? Préparais-tu déjà alors notre perte à tous? Derrière les volets hermétiques de ton regard, nous considérais-tu déjà comme les vestiges indésirables d'une enfance révolue? Mais alors, encore eût-il fallu nous le dire, car nous pouvions l'entendre! Mais point en usant de cette manière procédurière et juridique, insultante à nos sentiments purs et délicats, fragiles comme l'oisillon qui vacille pour la première fois hors des plumes maternelles.

Car maintenant, nous le constatons amèrement, tu ne nous parles plus. Non. Tu "notifies". Tu n'écoutes plus, tu interprètes. Veut-on sonder tes sentiments qu'il faut le faire sur "papier officiel", sans doute en passant par des avocats que tu es seul à pouvoir te payer. Et finalement, tu ne veux même plus convaincre, tu veux acheter l'appui et le soutien d'âmes damnées, en promettant "réjouissances peu communes". Ce n'est plus d'amis dont nous parlons ici, mon doux compère, mais d'hommes de main, de tâcherons. Que t'apporterons donc ces métayers ectoplasmiques, équivalents pour l'amitié de ce que la dîme est pour l'église? Toi seul sans doute connais la réponse.

Jérôme, de ce tonneau, conçu à l'origine comme un creuset où viendraient fusionner les nobles alliages de l'amitié et des bonheurs quotidiens, ne fait pas l'incinérateur du monde que nous aimons, et dont les cendres recouvriront le cercueil de l'amitié assassinée. Je t'en conjure, au nom de tous, abandonne tes sombres tourments, oublie ces officialités qui t'obscurcissent l'entendement et retrouve ce bon sens, cette rectitude morale qui redressait en tuteur zélée nos échines fatiguées à tirer le fardeau de notre condition. Pardonnes à tes amis leurs lourdeurs et autres outrecuidances verbales, car nous ne savions pas ce que nous faisions. Sois à nouveau l'Ezéchiel qui nous protège de ceux qui veulent empoisonner et détruire tes frères. Et ainsi, la flamme de la chandelle dansera à nouveau la sarabande sur les murs de la maison de Danny, tandis que, à l'épaule de la troisième bouteille, retentiront les clameurs de nos chants puissants. Quant à ton lit, je te le jure solennellement, nous n'y toucherons pas.

Anonyme a dit…

Je reste sans voix. C'est trop ! je m'incline, je verse quelques larmes sur mon écran et je consens, devant tant de verve et de rhétorique ( parfois il faut l'avouer un peu mielleuse) à oublier cette billevesée qui m'a, dans un délire éphémère, éloigné de l'Essentiel !

Mea maxima culpa ! Puissiez-vous me pardonner un jour de m'être dressé devant La Légitime Autorité ?

Je fais promesse de vivre dorénavant dans l'expiation et l'ascétisme; et pour la tenir, j'en exclus sciemment l'abstinence. Mon geste ne sera que plus empanaché et je pourrais peut-être (car les braves ont toujours quelque atome de magnanimité) réintégrer l'abri de leur tendresse.

En cette période de fête..., je me sens, malgré la voix réprobatrice et solidaire de mes amis que j'entends déjà s'élever au loin, l'âme à vagabonder dans le purgatoire et la repentence.

Vendredi je serai changé, métamorphosé, que dis-je transcendé.

Du plus pronfonde de mon âme damnée, je vous en conjure, ne m'en tenez pas rigueur : ni pour le tonneau que je n'aurai pas organisé, ni pour vous avoir accusé mes amis de malversations.

Dévotement vôtre, Jer

P.S : J'ai maintenant une chambre d'ami ! Avec un GRAND LIT ! Peut-être sera-t-il utile lors du désormais traditionnel triathlon qui aura lieu le 26 décembre. Prière de s'inscrire par téléphone au 455 74 05 (les places sont chères !)