20 mars 2006

Tribulations malgaches (1ère partie)


Pendant que sa dulcinée participe avec l'énergie et la passion que nous lui connaissons aux oeuvres de la coopération et de l'entraide internationale, notre chroniqueur à Madagascar, qui pose ici avec sa petite famille dans leur nouvel eden, va nous régaler de croustillantes tranches de vie à savourer sans modération, puisées en arpentant des chemins où la main de l'homme n'a pas encore mis le pied. Et si ses nombreuses activités lui en laissent le temps (sinon il le prendra), il répondra à vos commentaires audacieux... La parole est à sa plume!


Il ne suffit pas d’avoir un plan bien organisé en vue d’un week-end à Mahajunga pour que tout fonctionne comme prévu. Au départ c’était censé se dérouler comme suit : deux jours de voyage et une journée pour coordonner un petit délire d’expatrié que je relaterai lors d’un prochain message. Au final la voiture censée me conduire jusqu’à Tana n’a pas pu le faire et je me suis vu parachuté à la gare routière de Mahajunga à la recherche d’un moyen de locomotion efficace qui puisse me ramener sans encombre chez moi.

Mahajunga est la plus grande ville de la Côte Ouest de Madagascar. Cette ville est réputée pour son brassage ethno-culturel et architectural mêlant Afrique et Orient. Vu sa situation, la ville a toujours eu des relations privilégiées avec les îles très pauvres des Comores. 547km la sépare de Tana, il faut compter, dans des conditions normales, 10h de taxi-brousse (mini-bus contenant normalement 14 places qui, systématiquement, finit par accueillir un minimum de 20 personnes).

Sept compagnies de taxis-brousse desservent Tana. Chaque compagnie a deux, voir trois rabatteurs qui ont pour mission d’attirer les clients vers leur compagnie de transport. Les recherches du bon opérateur ne se sont donc pas faites dans la solitude ! Malheureusement aucun taxi-brousse ne pouvait assurer un départ rapide, il faut donc compter avec un minimum de deux heures d’attente avant un prochain départ. Un homme, la cinquantaine, s’approche et propose de me prendre, sans attente, dans sa voiture privée pour le même prix que le taxi-brousse. Pour lui l’objectif est de ne pas avoir à payer l’essence, la voiture, une 4L des années 70 est depuis longtemps amortie !! Affaire conclue

Le voyage débute. Après 15 minutes, premier arrêt pour réajuster la porte du conducteur qui s’ouvre à chaque soubresaut. Vu l’état de la route il vaut mieux s’accorder cette rectification pour être certain de ne pas perdre en route le chauffeur. Un mouvement de pression vers le haut, un petit coup de pied au bas de la porte et le tour est joué. Au total 7 arrêts pour des pannes qui m’ont permis d’approfondir mes connaissances en mécanique, le radiateur qui chauffe, les bougies qui sont noyées, un problème de démarreur, la pédale d’accélération qui ne répond plus, la crevaison, il ne manquait qu’une panne sèche pour compléter le tableau. Panne sèche que nous avons d’ailleurs évité de justesse puisque deux stations services qui devaient empêcher cette catastrophe ont pour des motifs différents prolongé le suspens jusqu’à l’entrée dans Tana. Dans la première station le pompiste était introuvable et ce n’est pas faute d’avoir envoyé du monde à sa recherche, dans la seconde seul le diesel était encore disponible, la cuve d’essence ordinaire était vide.

(La suite ICI!)
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai revécu Madagascar comme si j'y étais. Mais moi, quand j'ai raconté les sorties en taxi-brousse dans une cariole à 12 places, j'ai dit que nous étions 28 dans la caisse. M'enfin, peut-être que plus on monte au nord, plus on bourre les gens dans le van !!!

Cette aventure ne m'a pas seulement rappelé notre périple du nord de l'île; y compris le fait que je me suis délecté à te lire, elle m'a aussi fait penser à un épisode steinbeckien.
Rassurez-vous, je ne vais pas vous servir une nouvelle fois "Tortilla Flat" ! Il s'agit d'un passage de "Rue de la Sardine" lorsque Mack et le boys partent avec une Ford modèle T pour aller capturer des grenouilles afin de les vendre à Doc et de faire une grande fête en son honneur... :

"Quelqu'un devrait se décider à écrire un essai sur les effets moraux, physiques et esthétiques du modèle T sur la nation américaine. Deux générations d'américains en savent davantage sur les engrenages de la Ford, que sur le clitoris, sur le système planétaire de son changement de vitesse que sur le système solaire des étoiles. Chez nous, le modèle T a modifié pour une grande part la notion de propriété. Les clefs anglaises ont cessé d'être un objet personnel, et une pompe pour gonfler les pneus appartient désormais à celui qui l'a ramassé le dernier. Un très grand nombre des bébés de l'époque a été conçu dans le modèle T, et beaucoup y sont nés. La fameuse théorie du "home" anglo-saxon a été tellement bouleversée qu'elle ne s'en remttra jamais".

Avoue qu'il y a certaine similitudes avec la R4 malgache !!!

On se réjouit de la suite...

Pilon a dit…

Mais Jer, moi j'aime bien quand tu nous ressers du Tortilla Flat... Et superbe parallèle entre l'univers JDéen et steinbeckien, tout est dans l'émotion du texte. JD a décidément le don de faire affleurer le meilleur de notre nature... Je me réjouis déjà de lire la suite et d'englober les deux frères dans mes salutations pilonesques!