13 juin 2006

Hasta lluego Bolivia!!


Tout à une fin, même la Bolivie. Que voulez-vous, pour le Tuco et la Touquette des Alpes, l'appel du nord est toujours aussi pressant. Ils referment donc pour nous la fenêtre bolivienne de leurs pérégrinations par un volet sportif et aérien, là où l'oxygène se fait rare et où les vérités s'atteignent à la force du mollet et l'âme chevillée au corps...

Chers amis sportifs, à moi le plaisir de vous conter une dernière fois la Bolivie.

Sorata, petit havre de paix perche à 2'700m d'altitude sur un flanc de montagne verdoyant et très ensoleille. Pour s'y rendre, on plonge dans une vallée empruntant une piste virevoltante et glissante pendant 2 heures et demie, juste le temps de laisser une empreinte pétrifiée sur le siège du bus et une légère odeur de transpiration... Les adrets et les ubacs sont ici géométrisés par les cultures en étages, vallée fertile qui jouit d'un climat semi tropical. De la place du village, on aperçoit à travers les hautes feuilles de palmier le seigneur des lieux, l'Illampu (6300 et brouettes), superbe contraste entre le vert tropical et le blanc glacier.

Tout était donc réunis pour que le lendemain nous nous retrouvions arpentant un sentier accompagnés d'une mule et de son muletier. Premier campement à 3900m à coté du petit village de Tonga. Dès que la gêne eut cédé la place à la curiosité, les enfants du village vinrent nous prêter main forte dans la plus grande gaieté. La nuit sera fraîche et, au matin, le givre et la glace redécoreront ce cul de vallée, qui dès lors ressemblera à un glaçon. A nouveau, les enfants, après avoir parqué moutons et cochons, viennent apporter leur aide dévouée. J'ai froid mais j'dis rien car les gosses sont vêtus de haillons et une paire de sandalettes suffit à chausser leurs pieds menus.

Rapidement nous sommes en chemin à flanc de coteaux, à travers un décor époustouflant. En début d'après-midi nous atteignons la laguna chillata à 4200m. Le temps s'est couvert et l'épais brouillard charge l'atmosphère. Le temps de s'installer et la pluie se met à tomber, sieste obligée et bienvenue.

Au matin le bruit de l'eau s'est tu et nous déjeunons au sec. Francisco, notre guide, nous dis que nous partirons dès que sa femme sera arrivée?! Et voila-ti pas que 5 min plus tard débarque de nulle part une jeune cholita avec un gosse d'une année dans le dos, un cabas a la main et des chaussures de pupillette aux pieds. La petite s'était levée à 4 heures du matin et s'était envoyé 2 heures et demi de montée (sans une goutte d'eau) pour venir surveiller notre petit campement!!! Sur le coup, j'en étais bouche bée...

Récompense finale de ce trek, la laguna glaciare à 5000m, située juste entre 2 grands seigneurs, l'Illampu et l'Ankhouma (6400m et des brouettes). Je vacille, je trépigne et je crois même avoir piaffe 2 fois!! Pourtant je me résigne et redescends avec un gros gros moral qui conditionnera la suite de l'aventure en Bolivie.

Une bonne semaine plus tard, nous retrouvons Raph, un jurassien que je connais depuis l'époque de l'apprentissage et dont j'avais ouï dire quelques unes des témérités. L'oiseau sillonne la cordillère depuis quelques mois en VTT, sans doute dans le but de garder les mollets affûtés... Bingo! Départ pour une andine virée et une jurassienne épopée!

J1: 3h de marche chargés comme des mules depuis le dernier village pour établir un camp de base à 4700m, à cote d'un superbe lac. On est super bien installé et tout ira bien jusqu'à l'heure du souper. Je commence à ressentir les effets du M.A.M. (mal aigu des montagnes), nausées, faiblesse générale, frissons et sensation de manque d'air... Je m'apprêtais à passer une des plus longue nuit de ma vie.

J2: même topo, mais en decrescendo. A coup d'aspirines et de mate de coca, vers la fin d'après midi je donne le tour et reprends goût à la vie.

J3: réveil à 4h du matin et nous voila en route pour la face ouest du "pequeño alpamayo"(5400 et des brouettes). 4h nous suffisent pour atteindre sa base, le temps est parfait et la face à l'air en condition tout aussi parfaite. Nous dévorons les 4 superbes longueurs dans une très belle ambiance et sans la moindre anicroche. Au sommet, pas le moindre souffle de vent, nous profitons de la vista qui, au sud et au nord, se compose de la cordillera real et, à l'est, sous la plus grande mer de brouillard que j'ai jamais vu, de l'AMAZONIE.

J4: journée de repos ou presque, puisque nous décidons de repérer le chemin qui nous mène au "Condoriri" (crête du condor à 5700m et des brouettes). Par la même occasion nous faisons un dépôt de matériel au pied du glacier. Le couloir raide d'accès est une vraie merde! C'est du genre tu fais un pas et tu recules de deux! Vous m'direz: tout bon pour l'affûtage des quadriceps!! Le soir nous mangeons avec un guide bolivien qui nous prépare la tambouille locale, "que rico!!"

J5: réveil à 2h30 et nous attaquons ce couloir de merde le plus vite possible. Raph a les jambes lourdes et ressent les premiers effets de la tambouille locale! Ensuite nous perdons 1h à chercher notre chemin sur le glacier dont les crevasses sont de taille non négligeable, puis nous perdons encore 1h en empruntant le mauvais couloir qui mène sur l'arête ouest... Finalement c'est en remontant un autre couloir qui finit en goulotte que nous parvenons sur cette arête vers les midi. C'est très très effilé et très raide. Après deux longueurs je décide d'arrêter car j'ai les boules et j'aurais encore besoin d'énergie pour la descente que je redoute déjà un peu. Je patiente 20 minutes environ que Raph atteigne le sommet et me rejoigne. Il est très content d'y être arrivé, mais aussi de redescendre...

Une fois debout, un pied sur le fil et un pied dans la face nord, avec l'impression d'avoir à droite et à gauche deux streiffs version Nintendo en mode "mad max", en face de moi s'étend l'infini altiplano. Je vois même une partie du lac Titicaca et, tout tout au fond, j'aperçois encore le Parinacota et le Sajama (volcans de plus de 6000m qui se situent sur la frontière chilo-bolivienne) qui doivent être à quelques 500km de moi!!!! Extraordinaire sensation qui s'achève lorsqu'on rejoint la goulotte.

Un rappel plus bas, une glissade synchronisée encore plus bas et une rapide visite dans la rimaye toujours plus bas et nous sortons des difficultés. Rapidement nous rejoignons le camp de base ou nous apprenons que nous sommes les premiers à avoir ouvert la voie cette année!! Grande satisfaction donc et grand besoin de repos.

J6: On s'casse en jetant un dernier coup d'oeil au "Condoriri". Retour a La Paz, nous sommes mardi et nous agendons les 5 jours suivants pour arroser cette aventure mais aussi la fin de notre inoubliable passage en Bolivie. Grand grand moment que fut ce pays dans la vie de voyageur que nous sommes.

Que les vaya bien chicos!

Tuco

Gayaquil, Ecuador el 7 de junio 2006.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Alors là Svéno, BRAVO !!! L'admiration me cloue le bec; les 5 minutes que je viens de passer étaient toute chargées de sentiments multiples et colorés. J'en ai presque eu le vertige !

Je crois effectivement que tu mérites l'arrosage dont tu fais allusion.

A bientôt vieux !