22 mai 2006

Les Pornographes: Brassens... soif?

Phil Droïd Zwahlen
Tandis que mademoiselle chante le blues, les Pornographes, eux, chantaient au Blues un certain samedi soir de mai. Malgré sa sémantique, leur nom ne cache en aucun cas une tendance s'asseoir sur les bancs pubiques (ou alors il le cache bien), et c'est tout en poésie qu'ils brassent sens et sensations à Georges déployées...

Dans la marmite des vieilles passions, les Pornographes ont su éviter le piège de la soupe. Leur potion magique fleure bon la poésie, la magie des mots et la douceur des mélodies, concoctée par une bande de joyeux droïdes bigarrés, parsemés de grandes lampées de ce vin qu'ils chantent si bien avec ses mots à lui, et boivent d'eux même, de même.

La recette? Vous réunissez un passionné absolu, Philippe "Droïde" Zwahlen, autodidacte de formation et sans organismes génétiquement staracadémisé, muni de ses cordes vocales et de celles de sa guitare, ayant débuté devant le public le plus dur qui soit, celui de ses amis (et oui, les copains d'abord...); il les faisait ainsi, certains soirs, onduler devant lui comme un charmeur de serpents, ce qu'ils étaient parfois, donnant priorité à leur cerveau reptilien (fort utile, leur propension aux boissons dionysiaques les contraignant régulièrement à la reptation).

Gregory Gerg PittetAprès quelques années de ce régime, la phase larvesque prit fin (en tout cas pour lui, certains représentants de son public original s'y étant cristallisés), et notre jeune papillon prit son envol. Armé d'une foi à renverser les montagnes et d'une voix à faire le reste, il se dit que si une mélodie pouvait se faire seul, pour atteindre l'harmonie, il lui faudrait de l'aide. Il se mit donc en chasse, à la saison où les musiciens s'accouplent.

Il n'alla pas en vain. S'ils ne furent pas vingt, plus d'un s'en vint, et souvent pas sans vin. Deux restèrent, et un trio était né. Quand exactement se baptisèrent-ils? Eux seuls peuvent le dire, mais toujours est-il que l'un d'eux, Raphael Gunti, Gunt, expliquait son redoutable doigté à la guitare par l'hérédité d'un père gynécologue. Il ne précisa pas cependant si les doigts paternels produisaient sur les instruments où ils opéraient des sons comparables aux siens sur sa guitare. Le deuxième, Gregory -Gerg- Pittet, pouvait s'occuper de la recette, sa profession de cuisinier en faisait foi, et cuisinier de père en fils, en plus, comme chez certains curés.
Raphaël Gunti, Gunt
De leur union naquirent de nombreux concerts, les menant d'Ayer à la Turquie, suivant les trompettes de la renommée. C'est ainsi que les Pornographes s'ouvrirent les portes du pénis entier, euh, du Blues Bar
(qu'importe le Falcon, tant qu'on à l'ivresse), établissement nocturne de renommée internationale tenu par un mo(u)tard dans l'âme.

Et nous étions là, pressés les uns contre les autres, haletants. Et eux arrivèrent doucement, comme celui qui a le temps. Le temps ils l'ont, comme ceux qui ont le pouvoir de le suspendre, faisant surgir l'intemporel.

Un début tout en douceur, on apprivoise le public, tout en plantant quelques banderilles. Sourires ça et là, regards complices. Les mots s'envolent, s'entrechoquent, virevoltent et caracolent dans la pièce, nageant comme des poissons d'argent sur les volutes mélodiques. Ils vont et viennent, s'accrochent aux oreilles, puis repartent. Ils nous déshabillent délicatement des tracas du quotidien, et on peut alors plonger en leur sein. Le charme opère. Puis le rythme varie, pulse, et peu à peu, on se prend à battre la mesure, les têtes dodelinent en cadence. Les morceaux s'enchaînent comme autant de lapins tirés du chapeau de Georges le magicien, entrecoupés d'amicales apostrophes au public, la plus belle conquête de l'artiste, et de quelques rasades généreuses. Timidement tout d'abord, puis s'enhardissant à mesure qu'il suit l'exemple, l'auditoire se laisse entraîner dans la magie du chant, et c'est de concert que nous nous méfions du gorille, alpaguons l'Auvergnat, puis nous reposons sous le grand chêne, avant de rejoindre notre belle, alors que dehors l'orage gronde...

...gronde et puis se calme, goutte après goutte, dans un battement régulier, métronomique, comme le tic-tac d'une horloge qui vient soudainement nous rappeler sa présence, car le temps n'accepte point de suspension au delà d'une parenthèse qui doit se refermer, et c'est d'une main délicate que les artistes nous redéposent, font mine de partir, afin de nous faire à l'idée, puis reviennent pour ne pas être trop cruels, avant que, d'un battement d'aile, l'ange Raphaël ne se dé... Phil, nous laissant des Pittets. Pour mieux les revoir encore?

Philippe Zwahlen

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Yeah !!! La grande classe, de vive qualités d'écriture et un travail de recherche... Merci man !

Mrit a dit…

J'abonde dans le sens du commentaire précédent, une merveille ce poste. Bravo ! Une grande plume du blog.

Et en plus une mise à jour graphique dotée de rubriques !

Très agréable. Je prends rendez-vous avec le concepteur ce samedi, dans le bus menant à Aost, pour me donner les clefs menant à un tel prodige. Me réjouis.

Pilon a dit…

Merci pour vos commentaires les amis, dans ce post, j'ai essayé de reproduire le plaisir que j'ai pris samedi soir dans l'atmosphère ainsi créée! Une exellente soirée au blues!

Mon ami Mrit, pour le rubriques, c'est du manuel qui, je pense, ferait mourir de rire tout programmateur qui se repecte... J'ai graillé dans le modèle et j'ajoute les articles à la main à chaque fois... Hélas pas de programmation géniale pour compenser l'absence d'option rubrique...

Me réjouis de te voir samedi sur les routes valdotaines en companie de la grande équipe du FC Borzuat!

A ciao

Anonyme a dit…

Merci pour votre concert à Borzuat, c'était charmant! Bisous à tous et à jolie tête en feu!