14 septembre 2006

Le retour


Jeudi 21 septembre. Le retour du Tuco et de la Touquette sur sol helvétique, qu'ils préparent avec une hygiène de circonstance. Ils sont partis à deux. Neuf mois plus tard, la route a accouché d'un petit Boss. Ce Boss même dont la simple évocation fait fermer les stores métalliques du moindre tea-room jurassien. Il avait donc besoin d'un terrain à sa mesure, et de la compagnie qui va avec. Il a trouvé tout ça et probablement bien plus encore en compagnie de nos chroniqueurs, dont il a enrichi les aventures de sa patte aléatoire et démesurée. Il fallait bien ça pour mettre un point d'orgue à l'aventure et préparer nos tourtereaux à un retour parfaitement synchronisé avec la... fête des vendanges. On ne les refait pas, même à coup de brosse à dent...

Mes chers petits lapins,

Alegria! Alegria! Que de joie de vous retrouver chacun dans vos petits terriers grignotant quelques noisettes et un bout d'pomme!

Le temps de vous conter la tropicalisation de notre pérégrination est arrivé! Et cette fois, le duo s'est transforme en trio! EEH oui! OOOh oui! OUUUH que oui! Voici en exclusivité intercontinentale retransmis spécialement pour tous les lapins de tous les terriers du monde....L''ÍNVITE DU MOIS!!!!!!

D''allure bien balancée, le genou bien dans l'axe, l"oeil bien bleu mais aussi un peu globuleux, il est la tout près de moi: c"est mon ami le BOSS! En personne tout chaud tout blond qu'il est! Au fait saviez-vous qu"on l'appelle aussi Robert Kalbutt?

Ce grand voyageur nous a fait l"honneur et le plaisir de nous accompagner durant presque 2 mois. La rencontre s"est faite à Quito (Ecuador) et après un séjour amazonien dans la réserve de Cuyabeno et une cavalcade mémorable jusqu'au pied du volcan Cotocachi au bord de la lagune Cuycocha, nous nous sommes quittés quelques temps pour nous retrouver à Cali, en Colombie!

Ville de la rumba, de la salsa et des mamasitas pour pratiquer nos talents de noctambules rumberos. Vous conter les nuits endiablées serait trop laborieux et fastidieux tant notre fonction hépatique a été mise a rude contribution. Sachez toutefois que nous l'avons bien passé! Et que lorsque des amis voyageurs se rencontrent en voyageant, et bien c'est un autre voyage qui commence.

Voici donc une petite séquence photo qui illustrera, je le souhaite, cette colombienne traversée.

Un gran abrazo para todos!

Tuco et Touquette











05 septembre 2006

Les Miracles de la Cour...


Le 21è siècle étend son emprise sur notre planète. Sur toute la surface du globe, la lèpre du béton se répand, marée grise implacable et inexorable. Sur la ville de Sierre, un soleil indifférent contemple l'inéluctable. Les troncs gémissent en tombant, laminés par les chaînes des tronçonneuses. Les arbres survivants sont gardés prisonniers derrière de hautes clôtures, et bientôt, il faudra payer pour les voir. Dans nos prés, les tendres chenilles ont fait place à celles, métalliques, des bulldozers. Les gais laboureurs ont été remplacés par des armées de manoeuvres disciplinés qui sèment consciencieusement leur grains de bitumes, afin de nourrir le dieu automobile qui avale son asphalte mécaniquement d'un phare avide. Dans ce brouhaha, on ne se parle plus, on communique dans un bain d'ondes dispensées par les becs d'acier qui surplombent les collines ancestrales, venant ricocher sur les hauts murs qui cimentent notre horizon. Les légions du progrès, menées par des généraux stressés en costume sombre sont en marche. Il est cependant un petit endroit qui, encore et toujours, résiste à l'envahisseur. A la Cour des Miracles la fantaisie n'a pas encore été sacrifiée sur l'autel terminus de l'ordre et du règlement communal... ...

Dans ce lieu improbable, niché en plein coeur de la ville à l'ombre des vieux bâtiments de pierre, ont trouvé refuge artistes et musiciens, trouvères et troubadours désireux de s'extirper un instant de la fureur du monde. Si, à l'origine, les cours des miracles étaient des repaires de voleurs et de brigands, ainsi que de mendiants et estropiés de toutes sortes qui venaient s'y défaire, la nuit tombée, des infirmités dont ils s'affublaient le jour afin d'extraire leur pitance des poches de bourgeois plus ou moins compatissants, leur nature a évolué avec le temps. Les voleurs ont maintenant pignon sur rue et s'en prennent à vos poches sans même prendre la peine de vous demander la charité. Ils vous assomment à coup de slogans, petits-crédits, prêts à usage, taux préférentiels (où la seule chose qui est sans intérêt est leur attention qu'ils vous prêtent) et autres hypothèques légales, avec une ingéniosité qui n'a d'égale que notre crédulité. Et c'est à la Cour des Miracles que trouvent refuge les amateurs d'instants non-lucratifs.

On y partagera une soupe, aromatisée d'un instant de convivialité, on se servira dans un bar fourni par la générosité de donateurs anonymes, on viendra y griller sa viande et les défroques d'un stress extérieur de mauvais aloi. Ici, on peut être à choix organisateur ou participant, acteur ou spectateur, selon son bon plaisir.

Dans ce creuset sont nés, dans un inventaire à la Prévert dû à la subjectivité de son auteur et limité par son ignorance, les Dimanches de la création, où artistes et artisans travaillent à leurs oeuvres en osmose avec leur public, des expositions étonnantes, des représentations théâtrales, des concerts, des tournages, des projections, des Bethléem Bars, des jams sessions déjantées et toute une collection d'événements volés au temps et à la logique.

Il durera ce que dure les cirrhoses, l'espace d'une golée. Ne vous demandez pas quoi, quand, comment, pourquoi... Les choses y naissent, y vivent, y meurent sans prévenir, s'offrant au pèlerin de passage qui aura eu la curiosité de s'y arrêter pour y voir, sentir, écouter, humer et flairer l'air hors du temps...